Mamadoou "Pape" Diamé dans une pirogue à Foundiougne |
Par. Lamine Famara DIEDHIOU
Des rues poussiéreuses
de Foundiougne aux grandes artères bien entretenues de Tanger, Mamadou « Pape » Diamé est resté
toujours lui-même. Fidèle à ses convictions, il reste un homme ambitieux.
Portrait.
Ce soir, Mamadou Diamé
n’a pas touché de papiers ou répondu au téléphone. Il a tout simplement fermé
son petit bureau et a fait le tour de quelques chambres de ses clients fidèles,
sur les 36 que compte le complexe Magic Land, son hôtel trois étoiles, situé à
la corniche ouest de Dakar. Un petit mot
au réceptionniste, un coup d’œil sur le registre des arrivées et il tourne le
dos à son lieu de travail pour cet après midi.
Délaissant son grand costume aux
couleurs sombres pour un jean bleu assorti d’un t-shirt blanc, le gaillard de
28 ans s’apprête à aller diner avec un ami dans sa gargote favorite de la
Gueule Tapée, près du canal 4. Ce mini restaurant lui satisfait à merveille,
surtout à ses jours de repos. Car, à
défaut d’y avoir une bonne soupe de viande fait maison, Paco, comme l’appelle
affectueusement ses intimes, se contente de frittes, omelettes et viande
grillée, que lui propose le malien propriétaire de la gargote. Des mets qu’il raffole autant que le couscous
marocain.
Emploi
du temps flexible, bon salaire, l’adjoint manager de l’hôtel Magic Land, n’a
plus la vie dure des années de formation en tourisme au Maroc. Depuis son
retour au Sénégal, il est passé au Campement Touriste Baobab/Terre de
Foundiougne, une propriété de son papa, avant d’être embauché par le patron de
Magic Land. Là, le jeune hôtelier jouit d’une bonne admiration, d’où le signe
d’une intégration réussie. "Cela prouve qu'on peut réussir ici
avec une formation étrangère !", lance-t-il. Son poste lui confère
un certain prestige, voire un privilège. Voyages, séminaires, formations…tout
se chamboulent dans son petit carnet de notes.
Les
débuts
Né
un 05 juillet 1986 à Foundiougne et quatrième d’une fratrie de sept, Mamadou Diamé
a grandit entre les rues et les eaux du fleuve de Foundiougne, comme tous les
gamins de son époque. C’est à partir de là, qu’il a fait ses premiers pas à
l’école primaire Saint- Kisito puis au collège d’enseignement moyen Diène Coumba
N’diaye. Des classes qu’il va vite survoler de par son intelligence.
Très
bon élève, il quitte le cocon familial à l'âge de 18 ans, après
son obtention du baccalauréat au lycée El Hadj Mamadou Diouf de Foundiougne et rejoint le Royaume du Maroc pour des études en tourisme
et hôtellerie. Et pourtant boursier de l’Etat du Sénégal, mais à son arrivée,
l'adaptation est compliquée par la fraîcheur d’octobre et l'aigreur d’une fin
d’été des marocains. Tiré du lit à cinq heures du matin, il ne s'habitue ni à
l'odeur du thé à la menthe marocaine du matin ni au rythme imposé par la
nouvelle formation. Pourtant, il supporte quatre années de rude formation pour
acquérir le savoir-faire des hôtels. Parfois découragé, il se réconforte grâce
au coup de téléphone de sa famille, et aussi à la présence de ses amis
sénégalais, avec qui il partage la même école de formation. "Il
faut te surpasser et montre à quel point tu peux réussir avec une bonne
éducation!" lui recommande
papa et maman. « On a toujours été la fierté de notre papa », avoue le jeune cadre
en hôtellerie au visage émotif.
Le retour au pays
Très
vite après avoir obtenu son diplôme en tourisme et hôtellerie au prestigieux
Institut International de Tourisme de Tanger, le jeune hôtelier plie ses
bagages et rentre au Sénégal. Sur place,
il ajoute une corde à son arc et intègre
la concession hôtelière familiale. De
là, il capitalise au bout de deux ans une forte expérience dans l’administration et
la gestion des hôtels de deux, trois voire quatre étoiles.
Un
beau jour, alors qu’il faisait travailler ses gros muscles à la plage de son petit
hôtel, le téléphone sonna. Au bout du fil, une voix « charmante »
d’une fille, lance-t-il, le sourire aux lèvres. Cette dernière, lui fait part
d’une offre d’emploi du Complexe Magic Land de Dakar, qui cherche un Manager
adjoint pour son hôtel. Et c’est ainsi que l’ancien étudiant du Maroc, intègre
le personnel de l’hôtel Magic Land du Sénégal. Comme quoi la réussite est au
bout de la patience.
Célibataire,
aucun enfant à sa charge, l’adjoint manager a cependant la tête sur les
épaules. Sa philosophie : la famille et les amis. D’ailleurs, à la fin de
chaque mois, il envoi de l’argent à ses frères de Foundiougne, avec qui il
partage une grande complicité. Aussi, il n’hésite pas de répondre favorable aux
nombreuses sollicitations de ses proches.
Avec sa gentillesse
légendaire et sa grande taille, d’un mètre quatre vingt Quatre, « il est difficile
d’imaginer que le natif de Foundiougne sait parfaitement manier le ballon
orange à la Michel Jordan », déclare Omar Diédhiou, son
promotionnaire de Tanger. « Grâce à lui l’équipe « Isitienne »
de basketball de Tanger a gagné de nombreuses compétitions »,
confirme Abdoulaye Dème, son autre promotionnaire du Maroc.
Intolérant à l’injustice
et allergique à la mauvaise foi, il a mis toute sa vie au service de ses
convictions. Employé du Magic Land hôtel certes, mais il n’a jamais été
« l’employé » de quelqu’un, comme l’atteste l’ensemble des
travailleurs de l’hôtel, qui lui reconnaisse un franc parlé. Et ce, même devant
le Directeur du Complexe hôtelier.
En bon sérère, Mamadou Diamé est très attaché
à sa culture ; même s’il avoue être amoureux de la musique rap et reggae.
L’évocation de ses deux grands parents décédés, le laisse indifférent. Car
dit-il, ils ont vécu pleinement. Et dès fois, pour donner sens à son existence,
il se remémore de leur vivant.
Aujourd’hui,
il ne cesse de dire combien il est heureux dans son poste actuel. Mais, il
estime avoir effectué le chemin à moitié. Et son plus grand souhait est qu’un
jour de pouvoir monter sa propre affaire tout comme son père l’a déjà fait.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire